Le vernissage aura lieu au Parc des Bastions
à proximité de l’exposition.
Le vernissage peut-être annulé en cas
de mauvais temps.
Intervenants durant le vernissage :
Mots de bienvenue par Sarah Dekkiche
et Danaé Panchaud à 18h30
Programme complet de l’événement
Événement organisé par l’association Djelbana
En partenariat avec l’association Djelbana, le Centre de la photographie Genève présente l’exposition de photographie contemporaine algérienne Mélodies pour l’indicible au parc des Bastions, à Genève.
La photographie et la colonisation de l’Algérie ont une histoire parallèle. La photographie est inventée en 1839, neuf ans après les débuts de l’occupation progressive du territoire algérien par la France. Les premiers clichés réalisés en Algérie le sont par des Européens souvent envoûtés par l’Orient. Leurs images sont peuplées d’oasis et de paysages idylliques, de ruines antiques, et d’habitants stéréotypés rendus exotiques et fascinants, le plus souvent anonymes, parfois déshumanisés. Ces photographies renforcent les fantasmes de l’Orient, représenté comme un territoire vierge à saisir où tout est possible, et soutiennent ainsi le projet colonial. Aujourd’hui, elles continuent à circuler.
La guerre d’indépendance algérienne qui débute en 1954 et à laquelle mettent fin les accords d’Évian en 1962 est un moment important de l’histoire visuelle de l’Algérie. Cette guerre de décolonisation est aussi une guerre d’images : les deux camps et leurs journaux mobilisent des photographes et font circuler leurs instantanés du conflit. La production française domine néanmoins largement en raison de ses moyens supérieurs et de la censure qu’elle exerce en France et en Algérie. Ce sont encore à l’heure actuelle les images de la guerre les plus diffusées. C’est cependant dans ce contexte que la photographie et le cinéma algériens commencent à émerger pour se construire peu à peu pendant les décennies qui suivent.
Les soixante ans des accords d’Évian, signés le 18 mars 1962, sont une opportunité de se pencher sur cette histoire visuelle et son héritage. Ces négociations, dans lesquelles la Suisse a joué un rôle considérable et relativement peu mis en avant, ont permis la fin du conflit, et mené à l’indépendance de l’Algérie. Aujourd’hui, elles représentent aussi un moment où le dialogue autour de la mémoire et la réconciliation des mémoires est devenu essentiel. Alors que l’histoire de cette période reste très contestée et traversée d’enjeux de pouvoir, l’événement La Suisse et les accords d’Évian : d’une rive à l’autre, 60 ans après, dont cette exposition fait partie, entend aussi favoriser les échanges sur ces mémoires plurielles et parfois conflictuelles. Dans ce contexte, l’exposition met en avant quatre artistes de la scène photographique algérienne, ou issue de sa diaspora, qui se caractérise aujourd’hui par son dynamisme et sa pluralité. Ces auteurs se saisissent de l’image pour exprimer leur histoire et leur héritage, tout comme leur identité, leur expérience et leur vision singulière du monde.
Sans prétendre à l’exhaustivité, cette exposition présente quatre regards contemporains, forts et singuliers, issus de la scène photographique algérienne contemporaine, au travers desquels apparaissent en filigrane ces questions d’identité et de mémoire façonnées par l’histoire.
Tout comme les plans-oreillers d'Ozu, les images de Celia Bougdal ne semblent pas, à première vue, avoir de raison narrative évidente. Son travail apparaît comme une collection d'instants sans importance de la vie, des instants qui nous échappent. Si ce n’est que c'est dans ces instants qu'elle se trouve elle-même, et à travers eux qu'elle peut enfin exprimer la relation intime qu'elle entretient avec le monde, dont elle se perd souvent dans les détails.
Le travail de Safia Delta interroge l’enveloppe temporelle qui abrite nos vies et les possibilités de construction et de définition de soi devant l’irréversible. Face aux silences et aux vides mémoriels, il donne corps aux errances et aux trajectoires existentielles des êtres déracinées issus de la diaspora nord-africaine et interroge le lien qui les lie à la terre. La revisite d’archives familiales et la construction d’une archive personnelle retracent et consacrent les récits avec amour, délicatesse et dignité, pour leur donner l’éternité en héritage.
Yanis Kafiz se considère comme un acteur de l'environnement qu'il photographie. Arbres plongés dans une lumière orange vif comme si le ciel entier était en feu, ou portraits de ses amis et de ses proches : tout est photographié sans aucun jugement et avec une transparence totale, comme il le dit à propos de son travail. Grâce à cette transparence, nous pouvons entrer dans son journal intime, et ressentir son affinité avec les gens qui l'entourent.
Le travail d’Ahmed Merzagui est une ode à Tlemcen, sa ville natale, et par extension à l’Algérie, sa mère-patrie, qu’il considère comme une entité propre, qui balance entre nation, concept et délire, où dans chaque coin et recoin de sa moderne et contemporaine version se cache une singularité, parfois fantabuleuse parfois biscornue et une infinité d’histoires…
L’exposition fait partie de l’événement organisé par l’association Djelbana à Lausanne et à Genève sur le thème La Suisse et les accords d’Évian : d’une rive à l’autre, 60 ans après. Il comprend un colloque les 19 et 20 mars 2022, organisé par l’association Djelbana en collaboration avec le Global Studies Institute (GSI) de l’Université de Genève (UNIGE), et l’Institut d’Etudes Politiques (IEP) de l’Université de Lausanne, accompagné par une programmation culturelle (concerts, films et cette exposition).
L’exposition est organisée par Djelbana en partenariat avec le Centre de la photographie Genève et la Ville de Genève, et avec le soutien de la Loterie romande. Elle est commissariée par le photographe algérien Abdo Shanan et la directrice du Centre de la photographie Genève Danaé Panchaud. Le design de l’exposition est réalisé par Balmer Hählen.