Le travail de Lea Kunz (*1991, CH) se développe sur la base de rencontres, souvent avec ses proches, parfois avec de presque inconnus, qu’elle invite à se laisser photographier. Dans des intérieurs semi-abandonnés ou dans les forêts de sapins qui entourent sa maison dans le Jura, elle saisit des chorégraphies collectives ou individuelles, improvisées et débridées. On ne déchiffre explicitement dans les corps nus et les gestes des protagonistes ni séduction ni prélude sexuel, ni rixe ni rituel. La grâce y est accidentelle, la confusion et la maladresse libératoires; à la tendresse répond une brutalité affectueuse.
Alors que les standards de beauté et les optimisations brutalement imposés sur les corps sont contrés toujours plus résolument, tout comme la sexualisation systématique de la nudité, le corps demeure un enjeu souvent central de l’identité de genre et de l’orientation sexuelle des individus. Dans ce contexte, le travail inclassable de Lea Kunz offre des représentations émancipatoires du corps nu. Elle compose depuis 2015 un corpus croissant d’images, qui ne fonctionne pas traditionnellement par séries, et qui refuse une direction unique, précise et définie. Puisée dans cette vaste archive, cette proposition pour artgenève 2023 est centrée sur une intimité tenant plus de l’amitié que la sexualité, alternant des moments d’affection, de tension, d’empoigne ou de délassement n’obéissant à aucune imposition extérieure.
Exposition produite pour artgenève en partenariat avec standard/deluxe. Palexpo, stand D21