Déregarder l’imagerie spatiale

27.05.2025

BIBLIOTHÈQUE DE GENÈVE
PROMENADE DES BASTIONS 8
1205 GENÈVE
SALLE DES CATALOGUES (1ER ÉTAGE)

18H30
EN FRANçAIS
ENTRÉE LIBRE

Conférence "Déregarder l’imagerie spatiale : une étude critique des fondations coloniales de l’exploration du cosmos", avec Joël Vacheron

« Nothing is less rational, finally, than the pretension that a specific cosmic vision of a particular ethnicity should be taken as universal rationality », affirme Anibal Quijano. Dans le même esprit, cette publication défend l’hypothèse que l’expansionnisme spatial a universalisé une vision de la Terre et du cosmos —ce que nous appelons cosmovision—qui n’est pas universellement partagée. Les images produites dans le cadre du programme spatial américain à partir de la Seconde Guerre mondiale—en particulier The Blue Marble ou Earthrise—constituent des emblèmes globaux de cette perspective sur le monde assemblée, perçue et cadrée à travers les yeux d’un homo oeconomicus. Comme au temps des premières explorations transatlantiques, de l’essor de la machine à vapeur ou de la conquête de l’Ouest, l’exploration et l’exploitation matérielle de l’espace extra-atmosphérique continuent à être envisagées comme une évolution «naturelle» menée au nom de toute l’humanité. À partir d’une méthodologie originale inspirée par les études visuelles et les études décoloniales, cette publication vise à démontrer pourquoi l’expansionnisme spatial est indissociable des programmes écocidaires et génocidaires menés au moment de l’avènement des marchés globalisés. À partir de références visuelles hétéroclites, cette recherche propose de « déregarder » l’imagerie spatiale, car elle « pérennise la colonialité dans le monde postcolonial» (Niang et Suaudeau).

Cette conférence est organisée à l'occasion du lancement de l'ouvrage de Joël Vacheron, Cosmovisions : une étude visuelle des fondements coloniaux de l'exploration spatiale, Genève, Métis Presse, 2025.

Joël Vacheron (PhD) est professeur et chercheur à l’École Cantonale d’Art de Lausanne (ECAL), où il enseigne les études visuelles et la sociologie des médias. En tant que journaliste indépendant, il collabore régulièrement à des projets éditoriaux dans les domaines de l'art et de la photographie.