Art et olfaction

04.10.2024

Cette table ronde réunit quatre artistes et chercheurs suisses et internationaux dont la pratique implique fréquemment de multiples couches visuelles et olfactives. Les artistes Silvia Bigi, Roberto Greco et Virginie Otth, ainsi que la curatrice et chercheuse Francesca Lazzarini, explorent dans leurs projets et leurs recherches les connexions et interactions possibles entre les deux sens. Leur travail s'appuie à la fois sur des recherches théoriques et des perspectives issues de plusieurs domaines, et sur une approche empirique. Ils étudient les capacités des odeurs et des photographies à éveiller la mémoire, la manière dont les parfums et les images peuvent conjointement transmettre un récit, ou encore évoquer des épisodes oubliés de l'histoire.

 

Au cours de cette conversation, les artistes et la chercheuse parleront de leurs pratiques artistiques respectives, de la manière dont la dimension olfactive de leur travail a émergé et de la façon dont ils naviguent et réconcilient deux domaines, la photographie et l'olfaction, qui impliquent des compétences et des codes différents.

 

Vendredi 4 octobre à 18h

En anglais

Entrée libre

 

Silvia Bigi est diplômée en arts visuels de l'université de Bologne. Grâce à l'utilisation de différents langages - photographie, installation, sculpture, son, vidéo, dessin - elle travaille sur les images en tant que seuils, espaces liminaux où elle réfléchit aux formes de pouvoir, à la coexistence entre humains et non-humains et aux défauts et imperfections de notre histoire occidentale. Bigi a une approche clairement interdisciplinaire basée sur la recherche: elle s'immerge dans des contextes complexes, s'interrogeant sur des questions philosophiques, culturelles et politiques. Actuellement, sa pratique accorde une attention particulière aux voix féminines, réduites au silence par des actes de violence visibles et invisibles. Ses œuvres, qui font aujourd'hui partie de collections publiques et privées, ont été récompensées et sélectionnées pour des expositions nationales et internationales dans des musées, des fondations et des galeries d'art, notamment la Talent Development Grant - Italian Council 2023, le Francesco Fabbri 2022, le prix spécial Utopia au Talent Prize 2021, et l'exposition Engaged, active, aware: women's perspective now, et le Lucie Award - Best Exhibition en 2018.

 

Horticulteur de métier, Roberto Greco a ensuite étudié la communication visuelle et la photographie en Suisse (CEPV 2007, ECAL 2010). Après sa première série «After still life» (2011), des natures mortes baroques que j'ai composées avec des animaux morts, il a réalisé qu'il manquait quelque chose à l'image, et a décidé d'ajouter des odeurs à son travail. «Morbidezza» (2014), une herbier animalier, a été accompagné en expositions d'odeurs: mélanges de parfums, huiles essentielles et bougies parfumées, mais aussi seaux de fumier, afin d'immerger le public dans une expérience combinant la vue et l'odorat. Pour «Œillères» (2017), il fait appel à un nez, Marc-Antoine Corticchiato, pour traduire une histoire photographique en parfum («Œillères - L'Objet Parfumant»). Ont suivi «Porter sa peau - L'Objet Parfumant», créé avec le parfumeur Rodrigo-Flores Roux (2020), et «Rauque - L'Objet Parfumant» créé en étroite collaboration avec le parfumeur Christopher Sheldrake (2023). Penser une manière d'impliquer le spectateur dans la découverte de l'odeur, mais aussi d'en être le vecteur pendant l'exposition, a été pour lui une nouvelle manière d'envisager l'espace de l'exposition. Il collabore avec des artisans pour créer des dispositifs olfactifs tels qu'un sablier de verre à travers lequel coule le parfum, ou une céramique suspendue à travers laquelle une huile parfumée s'écoule lentement. Ces dispositifs olfactifs vont de pair avec la dimension supplémentaire de synesthésie qu'il souhaite ajouter à son travail.

 

Francesca Lazzarini est enseignante, chercheuse et curatrice en arts visuels. Dans le cadre de son doctorat en pratiques avancées au département des cultures visuelles de Goldsmith, à Londres, elle étudie le post-photographique en tant qu'espace dynamique permettant de repenser les manières d'être ensemble avec et à travers les images. Elle a travaillé pour la Fondazione Fotografia Modena (aujourd'hui FMAV) et son école d'études avancées de 2007 à 2013. Elle a ensuite entrepris un parcours de curatrice indépendante, organisant des expositions et des projets en collaboration avec des institutions privées et publiques, notamment SixtyEight Art Institute, Copenhague; FMAV, Modène; Kunsthaus, Graz; Škuc Gallery, Ljubljana; IC-CD, Rome; Kortil Gallery, Rijeka; NABA, Milan. Sa pratique curatoriale privilégie les projets à long terme basés sur la recherche, la collaboration et l'expérimentation. Parmi ceux-ci: POIUYT (dès 2017), the Absent Audience (2020-2022), Neuro-Revolution (2019-2020), Talking (about) Images (2018-2019), Stories from the Edges (2015-2016). Depuis 2016, elle dirige le programme de résidence artistique AiR Trieste. Elle enseigne la théorie et la méthode des médias de masse au LABA, à Brescia.

 

Virginie Otth est enseignante, photographe et plasticienne. Elle est diplômée de l’école de photographie de Vevey, résidente à FABRICA et aux Diagonales de Royaumont (Paris) et, enfin boursière lauréate de la New-York Film Academy. Durant ses années new-yorkaises, elle se détourne du film et du 16mm pour travailler dans une banque d’images scientifique. Depuis, son intérêt pour la science et son rapport à l’image l’accompagneront régulièrement. Depuis les années 2000, elle enseigne la photographie au CEPV à Vevey, puis à la HEAD de Genève. Elle poursuit une démarche personnelle basée sur le questionnement du «regard posé sur» et du médium photographique. Ses pièces sont montrées notamment par le Musée de l’Elysée, au Photoforum Pasquart pour son exposition «Définitions», puis «Blow Flies» en finalement «Sillages», au New York Photo Festival ’09, à Circuit (Lausanne) avec son installation: «…et des poussières» ou à la Kunsthalle de Lucerne pour son projet «the Sabine equation». Elle est membre fondatrice de l’association standard/deluxe depuis 2005, lieu d’expérimentation et d’exposition pour l’image contemporaine à Lausanne. Elle obtient son Master en arts visuels à l’ECAV en 2014 avec un travail théorique sur la perception visuelle et plus précisément le rapport entre le système optique et notre cerveau. En 2024 a eu lieu son exposition personnelle, "Un lac dans l'oeil" et une exposition comme curatrice "L'un pour l'autre." à Photo Elysée à Lausanne.

 

 

Cet événement est soutenu par The Italian Council 12th.


Vue d'exposition