En commémoration des 20 ans du début du siège de Sarajevo et à l’occasion de la parution du nouveau livre d’Andrej Djerković 9/11 aux éditions Infolio, le CPG propose un accrochage des vingt-neuf photographies reproduites dans le livre, représentant des couples de jumeaux ayant – partiellement – survécu au siège de Sarajevo.
Andrej Djerković est un artiste activiste natif de Sarajevo, où il a vécu la guerre de Bosnie-Herzégovine et le siège de sa ville dès 1992. Il n’a pas cessé son activité durant la guerre, en photographiant continuellement et il a même dirigé à un moment donné une librairie sur la ligne de front à Dobrinja, quartier de Sarajevo proche de l’aéroport. Son travail artistique le ramène régulièrement à cette expérience traumatisante.
En 1994, il réalise une vidéo intitulée « One Vision » qui rassemble des fragments de vidéos privées enregistrées pendant la guerre se dévoilant sur la bande son de l’hymne pop du groupe Queen. Des images de batailles, de blessés ou de funérailles tournées dans la banlieue de Sarajevo font surgir un questionnement autour de l’absolutisme propagé par cet immense succès musical de la décennie précédente. Les mots « one vision, one nation, one light exhaltation » deviennent menaçants et conduisent à des effusions de sang.
A Genève, l’artiste a présenté en 2009 l’installation J’ai survécu 1425 jours de siège lors de la 11e Biennale de l’Image en Mouvement au Centre pour l’image contemporaine (CIC). Le but de cette installation était de faire émerger les différentes perceptions personnelles vécues durant la période du siège de Sarajevo selon le lieu où l’on se trouvait et de les confronter à la réalité contemporaine. Le visiteur voyait son image reflétée dans le miroir, à lui de s’interroger. L’installation a été montrée en 2007 à Sarajevo à l’occasion des célébrations commémoratives du 15e anniversaire du début du siège de la ville.
En 2006, Djerković a également travaillé sur la notion de mémoire lors du 10e anniversaire de la chute de Srebrenica et a créé avec la Tobacco Factory de Sarajevo des paquets de cigarettes en édition limitée où l’inscription « Fumer tue » était remplacée par « Oublier tue » en français, anglais et bosnien. C’était aussi une réaction à la campagne agressive menée contre la cigarette, à un moment où le mot « mort » était banalisé dans le langage journalistique et où la confrontation avec l’histoire récente est consciencieusement passée sous silence.
Pour l’exposition au Centre de la photographie Genève, qui commémore les vingt ans des débuts du siège de Sarajevo, Andrej Djerković propose un nouveau regard sur la guerre en ex-Yougoslavie.
Il présente une série de photographies noir/blanc de portraits de 11 frères et sœurs jumeaux, citoyens de Sarajevo, qui ont vécu le siège de leur ville et survécu à son enfer. Ces portraits, qui mêlent toutes les origines confessionnelles de Bosnie-Herzégovine, ont été réalisés dix ans après, en 2002, sur des lieux symboliques de Sarajevo ; des lieux qui ont aussi une signification profonde dans la vie de l’artiste, avant, pendant et après le siège.
Deux paires de jumeaux n’ont pas survécu au siège, d’où une allusion, par le biais de l’abréviation 9/11, à un autre tragédie récente. Ainsi, cette recherche photographique tisse un parallèle entre le 11 septembre 2001 à New York et le plus long siège de l’histoire de la guerre moderne qui a duré du 5 avril 1992 au 29 février 1996. Ces images ont d’ailleurs fait l’objet d’une exposition qui s’est tenue à Sarajevo à l’occasion du premier anniversaire de l’attaque sur les Twin Towers.
Les portraits d’Andrej Djerković sont présentés sous la forme de triptyques montrant chaque fois le couple de jumeaux photographié ensemble, puis les deux frères ou sœurs photographiés séparément avec un masque sur le visage. Ce masque, un hommage aux survivants du 11 septembre qui se sont ainsi protégés des poussières émanant des gravas des tours jumelles, souligne les ressemblances entre frères et sœurs, flagrantes surtout au niveau de leurs yeux. C’est aussi une protection symbolique contre les événements tragiques qui nous entourent.
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Andrej Djerković est né en 1971 à Sarajevo. Il vit et travaille à Genève et Sarajevo. Diplômé de la Haute école d’arts appliqués de Sarajevo, il a exposé son travail en Palestine, Irlande du Nord, Montenegro, Canada, Suisse, Italie, Espagne, Pays-Bas, Serbie, France, Géorgie, Croatie, Angleterre, Macédoine, Turquie, Slovénie, Belgique, Allemagne et Bosnie-Herzégovine. C’est l’un des fondateurs du musée ARS AEVI d’arts contemporains à Sarajevo qu’il a représenté en [...]
Andrej Djerković est né en 1971 à Sarajevo. Il vit et travaille à Genève et Sarajevo. Diplômé de la Haute école d’arts appliqués de Sarajevo, il a exposé son travail en Palestine, Irlande du Nord, Montenegro, Canada, Suisse, Italie, Espagne, Pays-Bas, Serbie, France, Géorgie, Croatie, Angleterre, Macédoine, Turquie, Slovénie, Belgique, Allemagne et Bosnie-Herzégovine. C’est l’un des fondateurs du musée ARS AEVI d’arts contemporains à Sarajevo qu’il a représenté en 2002 à la Biennale européenne des arts visuels de La Spezia en Italie. Il est membre d’associations liées à la photographie dans plusieurs pays et son travail fut publié dans divers médias à travers l’Europe entière. Plusieurs chaînes de télévision ont relayé ses expositions et ses photographies : CNN, Channel 4, RAI, BBC, CNN Turk, UTV, RTL, HRT, TVE, France 2, B92, EuroNews, RTV SLO, BHT et d’autres. Il est également l’un des fondateurs de «l’Initiative Belfast/Sarajevo», une collaboration développée pour explorer la possibilité d’établir un dialogue créatif entre deux villes qui expérimentent des situations postconflictuelles. Il a été primé par la United States Information Agency (USIA) pour les activités qu’il a menées dans le domaine culturel pendant le siège de Sarajevo. A l’occasion des 100 ans de l’Association suisse de photographie, il fut sélectionné pour être inclus dans la monographie intitulée «PHOTO SUISSE 1906-2006» et il est également présent dans le dictionnaire «Leksikon Sarajeva /Sarajevo Lexicon» (Mediapress, Sarajevo, 2009).