Je compose et confie mes rêves à quatre murs, mes gardiens sanitaires.
Les surfaces vides de créativité sont reliées par des angles morts, sens unique à mon oisiveté.
07h le réveil sonne par habitude ou, plutôt, pour ne pas oublier cette habitude.
Solidaire je l'éteins et je retourne sous le duvet confortable, grasse matinée.
Sur le coussin, mon cerveau bouillonne, pourtant à cette heure c'est la cafetière.
Je me lève dans la déprime ambiante et la surenchère scientifique.
Aujourd'hui je vais, sûrement, assurément, naturellement regarder un film.
Je sors masqué, alors que le carnaval est annulé.
Je fuis aux Bains de Pâquis, le portail est fermé à clef, la ville est confinée.
Pont du Mont-Blanc, le vent dans les écoutes, Éole circule entre les oriflammes aux couleurs cantonales, la ville est silencieuse.
La distance se socialise, l'amitié se mesure en mètre, ça me rassure.
Le soir sur mon balcon de la maison ronde, les badauds abondent.
Je crie ma compassion à des personnes que je ne connais pas.
Comment le monde a-t-il pu changer aussi vite ?