Robert Suermondt, lauréat du prix Meret Oppenheim 2006, prend des photographies de presse comme point de départ pour ses peintures. Il les découpe, fragmente, démembre, puis les réassemble, colle, monte tout en leur donnant des continuités, des lignes de fuites nouvelles. Il estompe les espaces ou les renverse par exemple. Ainsi il brouille des détails qui « défigurent » les personnes représentées ou défigurent les protagonistes du monde des mass mà [...]
Robert Suermondt, lauréat du prix Meret Oppenheim 2006, prend des photographies de presse comme point de départ pour ses peintures. Il les découpe, fragmente, démembre, puis les réassemble, colle, monte tout en leur donnant des continuités, des lignes de fuites nouvelles. Il estompe les espaces ou les renverse par exemple. Ainsi il brouille des détails qui « défigurent » les personnes représentées ou défigurent les protagonistes du monde des mass médias. Le flux des images d’information noir et blanc renouvelé quotidiennement par la presse imprimée, est passé au hachoir, puis projeté, recomposé et agrandit sur des toiles de tailles importantes et brossé en vives couleurs.
L’enjeu du travail pictural du photographe tient dans la mobilisation du spectateur dans sa relation à l’image pensée comme un espace de négociation. Il s’agirait de susciter un détachement du regard, saisi de prime abord par la centralitée géométrique propre à chaque image, pour l’amener vers l’à -coté et l’ouvrir à la circulation sur le plan. Les collages à partir desquels Robert Suermondt développe ses peintures peuvent être perçus comme autant d’exercices de mise en frontière de fragments d’images tendant vers une unité en fin de compte toujours paradoxale, puisque là où l’œil trouve prise, l’objet se dérobe sous la coupe. Ainsi, la proximité de ces peintures avec le cinéma se joue par le biais du montage, par agencement et multiplication de syncopes à plusieurs niveaux.