Ce qui frappe avec les clichés de Jacques Berthet, c’est justement l’absence de toute figure humaine dans un paysage urbain. Non pas de nuit – nous connaissons tous « la ville qui dort » – mais à la lumière du jour, il est rare de contempler une ville vide. Les photographies de Jacques Berthet pourraient être vues avec une observation de Rainer Werner Fassbinder en mémoire. Le metteur en sce [...]
Ce qui frappe avec les clichés de Jacques Berthet, c’est justement l’absence de toute figure humaine dans un paysage urbain. Non pas de nuit – nous connaissons tous « la ville qui dort » – mais à la lumière du jour, il est rare de contempler une ville vide. Les photographies de Jacques Berthet pourraient être vues avec une observation de Rainer Werner Fassbinder en mémoire. Le metteur en scène munichois fantasmait sur la désertifi- cation du centre-ville lors des dimanches genevois et imaginait que des trains et autobus charriaient chaque matin de la semaine des figurants par dizaines de milliers dans le centre ville pour donner un aspect de vie aux touristes – souvent de luxe – qui viennent jouir des rives du lac. Mais ce n’est pas seulement à une ville vidée de ses habitants que nous assistons avec le travail de Jacques Berthet, mais à une ville barricadée, murée derrière des palissades jaunes, découpées et construites avec une précision d’horloger. Toutes les parties communiquant avec l’extérieur au niveau rez-de-chaussée sont privées de portes, de vitrines et de fenêtres.