Entre janvier 2011 et juin 2012, la compagnie sturmfrei propose une réflexion sur la « Beat Generation », au travers d’ateliers, de lectures, de représentations à Genève et en Belgique, d’une performance lors du Festival TR4NS en février 2012 et d’une installation photographique et sonore au Centre de la photographie Genève en mai 2012.
Le point de départ de ce processus de travail fut l’œuvre « Howl » d’Allen Ginsberg poète américain né en 1926 et figure majeure de la « Beat Generation ». Son « hurlement » fit scandale lors de sa publication en 1955. Critiquant le pouvoir politique et économique et racontant la solitude, le désespoir, la désillusion, le manque, au moyen d’une écriture expérimentale, cette ode est avant tout remarquable par le rythme, la virtuosité de la langue et la force des images qui émanent de ce cri d’une génération détruite.
En novembre 2011, Maya Bösch a monté, avec sa compagnie sturmfrei, une version de « Howl » à la Biennale Charleroi Danses en Belgique, où l’espoir trouvait sa place, d’où le titre « HØPE / Howl ».
L’exposition du Centre de la photographie Genève propose une installation mêlant photographie, scénographie et diffusion sonore, afin de témoigner de manière ludique de la totalité du processus créatif autour de ce projet. A partir de la diffusion de rendez-vous sonores entre la metteur en scène Maya Bösch et l’artiste Karelle Ménine sur une période de 8 mois, de photographies réalisées par Christian Lutz autant sur scène que dans la rue, la compagnie sturmfrei crée un nouvel espace plastique, scénique et sonore, intitulé « HØPE ou comment armer ses yeux ». Comment armer ses yeux face à l’autocratie économique et politique, face aux évènements quotidiens de la rue, face au pouvoir ? Comment armer ses yeux face à soi-même ? Ne pas voir pour mieux voir?
Deux salles distinctes dans la forme et le fond forment l’ensemble de l’installation. La première restitue la diversité du processus de création et documente en noir et blanc le souvenir de ce théâtre de la pauvreté ; la deuxième, toute en couleurs, propose de nouvelles perspectives et interrogations, croisant théâtre et vie réelle.
L’accrochage des photographies de Christian Lutz, qui inclut autant de photographies faites sur scène que dans les rues de Las Vegas, évoque un voyage temporel : chronologie du projet / processus de création / performance / « street photography ». Les grands formats côtoient une frise de petits formats afin de dévoiler pratiquement la totalité de l’aventure : les diverses architectures et les lieux de travail – mais aussi des scènes urbaine, les visages des acteurs interprètes, des musiciens et des danseurs – le corps des SDF, l’expression des corps dans l’espace, la lumière, mais aussi les postures de rage, de solitude, d’errance ou de désolation.
Des objets disposés au sol ou sur une table dessinent une référence spatiale et temporelle : objets personnels ou métaphoriques, désarmés, constituent une phrase dont les mots-objets sont indissociables et uniques à la fois. Aucune loi hiérarchique ne les régit, si ce n’est la loi de la gravité. Des enregistrements sonores, des témoignages, livres philosophiques, notes de travail, réflexions, manifestes théoriques et artistiques, images en mouvement viennent compléter l’installation. L’enjeu est de mettre en place des zones denses, spécifiques, qui se distinguent ; composer avec un seul geste artistique et une vision globale.
Ce type de mélanges, cette transdisciplinarité entre arts, scéniques, plastiques, photographiques et sonores, est représentatif du travail de la compagnie sturmfrei en général.
Le photographe Christian Lutz collabore avec la compagnie sturmfrei depuis 2010. Il a réalisé trois créations, Souterrainblues (Peter Handke), Drames de Princesses (Elfriede Jelinek), et HØPE / Howl (Allen Ginsberg) et a suivi des lectures, performances et workshops professionnels. Aujourd’hui, on dénombre plus de trois cent photos de la compagnie sturmfrei signées Christian Lutz.
Sa manière de s’intégrer physiquement au sein des répétitions et d’être très proche des acteurs et performeurs lui permet d’entretenir une relation à la fois radicale et ludique avec son matériau et ses prises de vue. Christian Lutz a montré au Centre de la photographie Genève (CPG) son travail PROTOKOLL en écho à LOVE ME de Nicolas Righetti dans l’exposition POUVOIRpouvoir que le CPG avait monté en collaboration avec le Musée d’Ethnographie de Genève en 2007.
En collaboration avec la Compagnie Sturmfrei, GRÜ/Transthéâtre Genève qui sont soutenu par la Ville de Genève-Département de la culture et du sport