Description
Guadalupe Ruiz voyage entre deux mondes – entre l’Amérique du Sud, où elle est née, et l’Europe, où elle vit – et plus précisément entre la Colombie où se trouve sa famille qu’elle voit régulièrement et la Suisse, le pays qui lui a offert sa formation artistique et ses premières expositions. Ainsi, elle voyage aussi entre deux cultures, entre le monde latin des Amériques, marqué par le baroque et le catholicisme, et le monde européen de culture nordique, austère et marqué par le protestantisme calviniste.
L’artiste observe la vie sociale et politique de la Colombie (« Colombie », « I feel it all ») avec la même assiduité que celle de la Suisse romande (« Miss Suisse Romandie »). Mais son travail photographique ne se situe pas seulement entre ces deux pôles. Habilement, elle lie aussi des éléments de fiction à sa démarche de documentaliste pour mieux saisir une réalité complexe et difficilement réductible à une seule image. Guadalupe Ruiz présente ses travaux toujours en séries, qu’ils soient imprimés ou exposés.
Dans Bogotà D.C., l’artiste réussit à brosser un constat socioculturel d’une capitale de l’Amérique latine au temps de la globalisation, grâce à un ordre typologique qui invite le spectateur à la comparaison entre les 120 photographies accrochées d’un seul bloc. Bogotà D.C. témoigne d’une vie urbaine contemporaine, dont les valeurs partagées à travers toutes les classes sociales sont la possession de biens de consommation. Bogotà D.C. de Guadalupe Ruiz est un inventaire photographique des habitations de la capitale de la Colombie, ordonnées à partir des six catégories établies par l’administration fiscale pour les 8 millions d’habitants. Les critères administratifs de classification sont établis à partir de critères tels que le traitement du sol devant la maison (goudronné ou en terre), de la qualité du toit (tôle ou tuiles), des matériaux utilisés pour les portes d’entrées (fer ou bois) et autres qualificatifs renvoyant aux coûts de construction.