La proposition d’Etienne Chosson Place de la République & Université Paris 8, avril-juin 2016 est un ensemble de sept photographies argentiques et une photographie numérique couleur accompagné de la photographie d’un texte monté en bloc-notes. Les photographies ont été réalisées place de la République au moment de son occupation au printemps 2016, ainsi que dans une salle du département de philosophie de l’Université de Saint-Denis Paris 8, elle aussi occupée. [...]
La proposition d’Etienne Chosson Place de la République & Université Paris 8, avril-juin 2016 est un ensemble de sept photographies argentiques et une photographie numérique couleur accompagné de la photographie d’un texte monté en bloc-notes. Les photographies ont été réalisées place de la République au moment de son occupation au printemps 2016, ainsi que dans une salle du département de philosophie de l’Université de Saint-Denis Paris 8, elle aussi occupée. Ces occupations s’inscrivaient dans l’ensemble des manifestations liées au mouvement « Nuit debout », né à la suite des oppositions à la « loi travail » dénoncée comme un retour en arrière sur les droits des salariés au profit des grandes entreprises. En examinant Place de la République & Université Paris 8, avril-juin 2016, nous voyons la construction d’un chapiteau, un haut-parleur, un transformateur de courant, la tente de la commission presse, un carton d’information, la webcam de Tv Debout ou encore le déploiement d’une bâche. Ce jeu de piste nous dit l’ambition du projet d’occuper un regard légitime, du dedans et du dehors, et aussi combien le photographe occupe et construit lui aussi l’espace. Etienne Chosson n’occupe pas tant le lieu d’exposition mais fait directement référence à comment une pratique politique populaire et précaire utilise l’espace. La reproduction photographique du texte photocopié et scotché sur un mur de Paris 8, nous donne encore un indice, « La grève véritable transfigure l’espace ». Le projet d’Etienne Chosson s’inscrit dans le prolongement mais aussi dans la rupture avec l’idée que le rôle d’un photographe, dans un système de diffusion artistique, est d’être dans une démarche anti-journalistique, autrement dit de produire de la contre-information. Ce nouveau travail nous permet d’observer son engagement sur des médiums documentaires liés aussi au document et à l’écriture ainsi que son intérêt pour la représentation des politiques d’occupation.
Etienne Chosson (*Paris, 1987, vit et travaille à Genève). Les formes qu’il produit, sont sa manière d’enraciner une action dans le territoire contemporain. Il est question de luttes pour l’occupation de la terre, d’autonomie, de résistances et d’organisation. Etienne Chosson compose au montage de différents flux d’informations disponibles, par exemple : En performant une scène d’assemblée générale extraite d’un film militant, ou en tournant ses entretiens avec des demandeurs d’asile en commençant par la lecture d’un texte intitulé La fiction juridique de l’asile. Ses procédés photographiques témoignent avec subtilité d’une réalité matérielle, faite de multiples temporalités, d’éléments visibles ou cachés. Via la photographie d’une banderole conçue de manière à dissimuler le visage de ceux qui la portent. Ou par celle d’une main, tendant une munition en cire remplie de peinture, devant un groupe de zadistes aux visages effacés par la profondeur de champs. Diplômé de la HEAD-Genève en 2015, son travail était récemment exposé dans le cadre des Prix New Heads 2015 ; Bourses Déliées du Fond Cantonal d’Art Contemporain de la ville de Genève, 2017 ou encore à l’Institut Suisse de Rome, 2016.
Photographie : Étienne Chosson, Place de la République & Université Paris 8, avril-juin 2016