Rencontre avec le photographe Lucas Olivet à l'occasion de la parution de son livre Medicine Tree chez Skinnerboox, en conversation avec Danaé Panchaud, directrice du Centre de la photographie Genève.

"Je n'ai jamais vu un arbre produire autant de substance médicinale. Peut-être qu'il pleure tellement à cause de tout le poison qu'il y a ici. Ces paroles de Randy Dakota, un habitant de Prince George, a inspiré le titre du travail de Lucas Olivet sur la capitale industrielle du nord de la Colombie-Britannique: ce titre est un témoignage, un hommage, une prière. Dakota, debout dans le gravier à côté de sa caravane, faisait référence à l'épicéa noir, poisseux de résine, qui poussait juste à côté. Région à la fois sauvage et empoisonnée par l'industrie, Prince George est inconnue de la majorité des Vancouvérois. Évitée par les touristes, elle sert silencieusement les besoins en pâte à papier du pays (Canada, États-Unis, Chine, au choix). Le projet Medicine Tree s'intéresse aux implications de ces industries extractives: les forêts ravagées, les rivières polluées, la fumée qui s'infiltre dans les jardins et les salons, qui façonnent les dynamiques sociales.

Prince George est situé sur le territoire non cédé du peuple Lheidli T'enneh. La violence ici n'a pas été balayée, mais plantée, et ses racines nécessitent moins une pelle qu'une excavatrice pour être arrachées. La danseuse locale Kelsey Abraham est l'opératrice d'une pelleteuse, et son bâton de danse cérémoniel ressemble à un javelot. Il est chargé de photographies qui couvrent des décennies - les visages figés de toutes les dizaines de femmes (la plupart autochtones, l'une d'entre elles n'ayant que douze ans) perdues sur l'autoroute qui traverse Prince George. Ce bâton est sa propre constellation: des blessures non traitées, un désir de réparation, qui sont les thèmes explorés par Medicine Tree.

INFORMATION PRATIQUE

Jeudi 25 avril à 18h

En français

Entrée libre, sans inscription

Livres en vente à l'issue de la discussion